J'aime, moi aussi, les lèvres, minces ou charnues, recouvertes de rouge ou au naturel, peu importe. pourvu qu'elles soient le lieu de l'expression de l'âme, ce transit obligé qui traduit, aussi bien que les yeux, ce que le coeur a à dire. D'ailleurs Jean-Paul Daoust devrait intituler son prochain poème Les yeux ouverts.
J'aime qu'il joue avec les personnalités diverses, issues de tous les milieux, qui s'affichent ainsi à travers leurs lèvres. L'épithète, dit-il en postface, est sa seule arme, il faut qu'elle soit précise, exactement. J'aime la dénonciation ou la louange, la provocation à la limite de l'invective, l'appropriation rapide d'un trait de caractère qui dit l'essentiel de que l'autre, juste en face, tente de cacher. Aucune paupière pour les camoufler. Elles sont là, palpables, visibles, s'offrant à tous les voyeurs. Jean-Paul Daoust est un merveilleux traqueur de lèvres! Comment sont les vôtres?
Jean-Paul Daoust, Les lèvres ouvertes, Outremont : Lanctôt, 2001, 62 p.